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21 juin 2020

Décès - DECES de Mme la Comtesse Hélène d'Andlau

Mme la comtesse Hélène d'Andlau nous a quitté à 101 ans . Ses obsèques se sont déroulées le samedi 20 juin à Rémalard en l'Eglise Saint Germain, les porte-drapeau étaient présents dont le notre M. Jean Chantepie. La famille les remercie. Une foule recueillie masquée pour la grande majorité a assisté à l'office. Le Président de Section et Mme Leblond Présidente du Comité du Perche ornais assistaient à la cérémonie. Mme Leblond a écrit, avec l'aide de Mme Laurence de Bonneval sa fille, ce bref rappel (une si longue et riche existence) étoffé, toutefois de la vie de Mme d'Andlau.

Hélène d'Andlau Résistante et artiste, Hélène d'Andlau à Paris le 17 avril 1919, s'est éteinte le 16 juin 2020 à l'âge de 101 ans.
Trois générations de légionnaires Son père, Jean d'Andlau, aimait la vie au château de Voré à Rémalard, parcourant les bois et chassant lapins et perdreaux, ce qui le changeait de sa carrière d'officier. Il avait été élève à Saint Cyr et c'est à la suite de la mort de son frère Antoine, tué à l'ennemi en 1915, qu'il a hérité de Voré. De fait, il a subi deux guerres, ayant été rappelé en 1940 au 2ème Bureau. Sa Croix de Guerre et sa Légion d'Honneur honorent sa famille d'autant plus que son épouse a également été décorée Chevalier de la Légion d'honneur pour avoir participé à la Résistance dans la région du Perche ornais alors que les Allemands occupaient leur maison.
La Comtesse Hélène d'Andlau a été nommée Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur. Le 13 mai 2006, à LA PETITE ROCHELLE, son ami René Marsal lui remettait ses insignes, en présence du colonel René Andrieu, Président de la SMLH61. Ce dernier lui conférait ultérieurement son brevet de l'Ordre national de la Légion dhonneur le 8 août 2006 à Appenai-sous-Bellême.

Une éducation vouée à la responsabilité et au partage Hélène d'Andlau pensait que le modèle des parents est un facteur d'éducation très important. Celle-ci a été assez austère. Dans ce temps-là, il n'était pas question de sorties en semaine ou de cadeaux en dehors des fêtes ou des anniversaires. Un enfant ne disait jamais « je veux telle chose » comme souvent à notre époque. On lui a appris par l'exemple à avoir le souci des autres, une responsabilité vis-à-vis de ceux qui avaient moins qu'elle, à ne pas mentir ou tromper les autres, en fait à être honnête. Elle a essayé d'ajouter à tout cela le désir d'un partage, non seulement dans le domaine matériel, cela va de soi, mais surtout des dons et des connaissances. Cela entraîne toujours une réciprocité. Elle pensait qu'on donne ce que l'on peut, ne serait-ce qu'un sourire, mais on reçoit beaucoup en échange. L'important est d'aller toute sa vie à la découverte d'abord des autres et aussi de ses racines, du passé de sa région et de son pays, des livres, de l'art, d'autres civilisations ou manières de vivre. Tout l'intéressait avec l'envie de connaître, de comprendre et si possible d'aimer. Aller vers le monde était une tradition familiale car dans son ascendance on trouve des médecins, des hommes politiques, des écrivains, des militaires et même des saints ! Sans compter un grand mélange de sangs, suisse, anglais, allemand, et plus lointain, italien et espagnol. Comme dit la chanson, « Tout cela nous fait d'excellents Français » - comme elle l'espérait.

Une Résistante
Hélène d'Andlau a accompli très tôt des actes courageux dans la Résistance. Elle appartenait au réseau Asturies comme Eddie Mac Farlane. Celui-ci avait été arrêté en gare de Tours il réussit à s'échapper. Elle a pris le risque de l'héberger chez elle avant de lui trouver une cache sûre. Ensuite, ce sont deux aviateurs anglais tombés en parachute près d'Issoudun, qu'elle a hébergés et cachés en prenant ainsi des risques considérables. Elle a aussi été chargée de missions de repérage - on peut dire d'espionnage - des sentinelles d'un camp de troupes allemandes. Elle a également aidé et ravitaillé des francs-tireurs. Ce ne sont là que quelques exemples d'une série d'actes courageux. Ce qu'il faut mesurer, c'est que dans la Résistance, le risque était de tous les jours. Au combat, dans l'armée, le danger survient lorsque l' on sort de la tranchée. Dans un réseau de Résistance il faut supporter le péril de la délation, du soupçon et finalement, de jour comme de nuit, l'angoisse permanente. Tout ceci, elle l'a affronté.

Une femme officier engagée
Après la fin de l'Occupation, en 1944, Hélène d'Andlau s'est engagée dans les Auxiliaires Féminines de l'Armée de Terre où elle a obtenu le grade d'officier en tant qu'interprète-rédactrice. Elle partit pour l'Allemagne avec son cousin Maurice de Waresquiel qui était alors l'aide de camp du Général de Monsabert, général emblématique avec le Général Brosset de cette 1ère armée. Madame d'Andlau suivit ainsi l'avance audacieuse de la 5e D.B. à la tête de laquelle était de Lattre de Tassigny. Elle a tenu un journal de route en Allemagne d'avril à Septembre 1945. Proche du front, voire sur le front, elle a pénétré dans plusieurs villes allemandes avec les premiers véhicules de l'armée, notamment lors de la prise de Stuttgart. A propos de Pforzheim, elle écrivit « ce n'est qu'un tas de ruines je n'ai pas vu une seule maison debout » à Munich, « Il paraît presque impossible de relever une ville aussi détruite ». Dans ce spectacle de désolation, c'était à elle de trouver les solutions pour installer bureaux et logements. Aussi, les mots « organisation » et « j'organise » revenaient souvent dans le compte-rendu de ses journées. A côté de ces problèmes matériels, elle a vu et côtoyé des horreurs, en particulier ce charnier de 70 fosses sur quatre rangs, chacune des fosses contenant 15 à 20 cadavres de déportés, certaines photos laissant à penser que plusieurs ont été enterrés vivants. Au camp de Stettin où 5000 Russes étaient rassemblés, certains étaient encore armés et prêts à tout : viols, meurtres, etc. Elle a aussi témoin de familles allemandes qui ont préféré se suicider.

La création comme autre terrain d'action
Démobilisée, Hélène d'Andlau a trouvé un autre terrain d'action dans le domaine de l'édition. Elle traduisit des ouvrages anglais en français ou écrivit des articles sur la France pour une revue anglaise, « The Young Briton ». Le domaine de la création s'est vraiment ouvert en 1947 quand, après avoir été élève de l'Académie Jullian, elle s'est lancée dans la sculpture, puis dans la gravure (eau-forte et burin) dans les Ateliers Friedlander et Halter. En 1955, elle a été sélectionnée pour représenter la France avec deux autres candidats à un Séminaire international présidé par Henry Kissinger à Harvard. Elle en profita pour parcourir ensuite les États-Unis d'est en ouest. Toutes les portes s'ouvrirent devant elle en sa qualité de membre des « Filles de la Révolution américaine ». Hélène d'Andlau est descendante d'un compagnon de La Fayette. Ses créations artistiques ont connu le succès dans de nombreuses expositions, soit 28 au total entre 1955 et 1973 en Europe ou aux Etats-Unis, Ses oeuvres ont été acquises par différents musées dont certains prestigieux comme le Palais de la Légion d'Honneur à San Francisco, copie exacte de l'Hôtel de Salm, siège de la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur à Paris. Citons aussi le Musée de Boston, la Librairie du Congrès à Washington, en France, la Bibliothèque Nationale, le Ministère des Beaux-arts, la Ville de Paris, le Palais de Rohan à Strasbourg, et en Allemagne, les Musées de Brème, de Stuttgart. Cette oeuvre importante lui valut en 1963 le Grand Prix des Beaux-Arts de la Ville de Paris et elle fut invitée à exposer au Salon d'Automne. Enfin, en 1973, elle retourna aux États-Unis pour donner un cours de gravure à l'Université de Stockton près de San Francisco.

L'art du jardin
C'est en 1976 que s'est ouvert pour Hélène d'Andlau un nouveau « chantier », le jardin. Elle a magnifiquement illustré cette phrase qu'aurait prononcée Sigmund Freud à la fin de sa vie quand, devant la montée du nazisme, il s'est réfugié en Angleterre : « Jusqu'ici j'ai perdu mon temps la seule chose qui compte dans la vie, c'est le jardinage ». Ce jardinage, elle l'a porté aux limites de l'art. Voici l'histoire de ces sept jardins. La Rochelle à Rémalard était une oeuvre sociale - de bienfaisance comme l'on disait - de sa famille. La maison a été bâtie au milieu du XIXe siècle comme hospice pour des personnes âgées et sans ressources, tandis qu'à côté « La Petite Rochelle » était la maison du jardinier, chargé de la production des légumes. Quand son père la lui a donnée, il a écrit : « C'est un endroit minable ». Aujourd'hui chacun peut voir ce qu'elle y a créé, l'architecture de l'espace et les accords de tons, certainement inspirés par son travail antérieur de sculpteur et de graveur. Elle a su trouver de bons pépiniéristes en parcourant de nombreux pays, notamment l'Angleterre, « La Mecque » des jardiniers. Elle a ainsi réuni 3000 variétés ou cultivars, ensemble qui a été reconnu par des experts compétents qui lui ont attribué le label envié de « Jardin remarquable » délivré en 2004 par le Ministère de la Culture. Cette reconnaissance s'est également manifestée par nombre d'articles de revues, de chapitres de livres sur les jardins et d'émissions de télévision ou de radio qui lui ont été consacrés ainsi qu'une émission de T.V. anglaise. Les visiteurs viennent de tous les continents, et même du Japon. Ses conférences ont suscité bien des vocations. Un livre Intitulé « Métamorphoses d'un jardin. Naissance d'un poème » est consacré à La Petite Rochelle.

Une grande dame Chacun reconnaissait à Hélène d'Andlau de grandes qualités de coeur et d'abord la générosité, mais aussi la solidarité, l'action en faveur des autres et le sens de l'amitié. Par exemple, au lendemain de la guerre, le travail avec l'Abbé Pierre en faveur des sans-logis, le catéchisme à Bobigny, puis à Rémalard, l'accompagnement de malades à Lourdes avec le pèlerinage de la Mayenne, l'ouverture du jardin au profit d'Enfance et Partage et du Neurodon, le soutien et l'accueil des êtres en difficulté. Tout ceci reposait sur une spiritualité très profonde connue des moines de La Trappe où elle allait périodiquement pour participer à des rencontres bibliques. Elle a aussi tenu à s'initier à l'hébreu pour mieux comprendre les textes sacrés.
Désormais, les cendres d'Hélène d'Andlau reposent dans une grotte située dans le Jardin de La Petite Rochelle à Rémalard-en-Perche.
Toute notre reconnaissance et notre amitié va à Madame Laurence de Bonneval, sa fille, qui a eu la grande gentillesse d'ouvrir ses archives familiales le 27 juin 2020. Françoise Leblond, présidente du comité du Perche ornais de la SMLH 61
SMLH61 Photos famille de Mme d'Andlau


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